Mustela sinuensis, Humboldt, Humboldt

Humboldt & Bonpland, 1811, Recueil D'Observations De Zoologie Et D'Anatomie Comparer, DANS L’OCEAN ATLANTIQUE, DANS L ’ lNTERIEUR DU NOUVEAU CONTINENT ET DANS L'AMER DU SUD PENDANT LES ANNEES 1799, 180 O, 1801, 1802 et 1803, Paris: Chez F. SCHOELL, pp. 302-368 : 348-352

publication ID

 

DOI

https://doi.org/10.5281/zenodo.15794087

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https://treatment.plazi.org/id/675EC250-FFF5-FFA3-392A-8E1961AF49E6

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Julia

scientific name

Mustela sinuensis
status

 

MUSTELA S INUE NS IS , ex cinereo atra, abdomine albo, cauda corpore dimidio breviori, auriculis erectis, acutis, interne niveis.

L ’absence des taches et zones blanches, sous la gorge et sur le dos, dis ­ tingue suffisamment cette nouvelle espece de Martes du Tayra de la Guiane ( Mustela barbara ), du Mapurito 2 de Mutis et du Chinche. Dans le Tayra, dont le museum de Paris possede un exemplaire empaille, le corps est noir, la gorge blanche, et la partie superieure de la tete et du col d ’un cendre clair. Cette difference de teinte entre la tete, le dessus du col et le reste du corps, ne se trouve pas dans le Zorra du Sinu ; ce dernier poursuit les petits oiseaux. L ’animal non adulte a un cri qui ressemble a celui du poulet lorsqu ’il appclle sa mere.

III. Une troisieme espece, qui appartient a 1’ancien genre Viverra de Linne , et que nous avons pu examiner dans notre voyage, est 1c Kinkajou ou Poto, le Yellow Maucauco de Pennant 1, ou Viverra caudivolvula de Schreber2.

Cet animal est beaucoup plus rare dans le nouveau monde, qu ’on ne devroit le supposer d ’apres le nombre des individus qui existent dans differens cabinets de 1’Europe. Les auteurs indiquent les lies Antilles, et surtout la Jamaique, comme la patrie du V. caudivolvula. J ’ignore si cette indication est precise; je puis affirmer avec certitude qu ’il ne se trouve pas dans l'ile de Cuba, la plus grande des lies Antilles et la moins cultivee. Nous 1’avons vu, la premiere fois, dans la mission du Rio Negro et du Tuamini oil il porte le nom de Manaviri. Comme le bassin du Rio Negro communique avec celui de 1’Amazone, les animaux et les plantes que 1’on observe sur les rives du premier de ces deux fleuves offrent beaucoup plus d ’analogie avec les productions du Grand ­ Para et du Bresil qu ’avec celles du Bas-Orenoque. Aussi le Polo, qui n ’est pas rare dans les vasles forets de Maranham, de Pernambuc et de Minas Geraes, n ’habite pas les provinces de Cumana et de Caracas. Il se retrouve au contraire assez frequemment dans le royaume de la Nouvelle-Grcnade, pres de Muzo, et dans la Mesa de Guandiaz, ou les Indiens Muiscas 1’appellent Cuchumbi.

Le Poto ou Manaviri du Rio Negro (Cercoleptes, III.) presente un melange curieux des moeurs de 1’ours, du chien, du singe et de la civette: il a le corps tres-alonge, les orcilles petites et pointues, la tete du renard, et le pelage tres-doux d ’un roux clair. La couleur de l ’abdomen est blanche, et le poil de 1'interieur des cuisses a un reflet dore lorsqu ’il est expose aux rayons du soleil. La queue du Manaviri est de la longueur du corps, velue et aussi prenante que celle des Ateles ; 1’animal sen sert comme dune main pour s ’accroclier aux branches en grimpant sur les arbres. Il est assez remarquable que ces queues prenantes n ’ont ete observees jusqu ’ici, que chez les animaux du nouveau continent, dans les Sapajous, les Sagoins, le Fourmilier et le Poto. Ce dernier dort pendant le jour, en cachant sa tete sous sa queue. Il ne reste eveille qu ’aulant qu ’il mange, ce qu ’il fait avec une extreme avidite. Sa langue est tres-longue; comme il aime a sucer le miel, et qu ’il detruit les ruches des abcilles sauvages, les Missionnaires 1’appellent Ours a miel, Oso melero. Apres le miel, ses alimens favoris sont des bananes, des oeufs et de petits oiseaux. Le Polo se tient souvent assis sur ses pieds de derriere; il mange comme un singe en se servant de ses mains. Caressant et affectueux comme un chien, il recommit la voix de son maitre. Il chasse pendant la nuit, et devient tres-gai des le coucher du soleil; il prefere la societe de l ’homme a celle des animaux de son espece. Il ne mord jamais en jouant, et il exprime, par ses caresses, combien il desire qu ’on s ’occupe de lui. Dans la partie temperee de la Nouvelle - Grenade, 1’ancien Cundinamarca, le Polo ou Manaviri se trouvoit jadis parmi les animaux que les indigenes avoient reduits a l'etat de domesticite.

Le Poto ou Cercoleptes, quelque doux et apprivoise qu ’il paroisse, cherche, comme la Vigogne, le Bouquetin et le Cerf, a regagner son ancienne liberte.

Un individu adulte, qui nous avoit suivis dans nos courses pendant plusieurs semaines, s ’echappa pendant une nuit obscure lorsque nous etions couches en plein air sur le bord de la foret de Carichana. Il egorgea deux coqs de roche (Pipra rupicola, Linn.) en s ’introduisant dans leur cage qui etoit suspendue a un arbre, et s ’enfuit dans les bois, sans doute pour etre plus sur de son butin.

IV. Le Viverra mapurito de Gmelin, que M. Mutis a fait connoitre le premier, en 1767, dans une lettre adressec a M. Alstromer, en le confondant avec le Viverra potorius de 1’Amerique septentrionale, habile presque les memes contrees que le Poto ou Manaviri. M. Mutis l'a trouve dans les montagnes qui avoisinent les mines de la Montuosa b pres de Pamplona; je l'ai vu dans la vallee de Fusagasuga, au sud-ouest de Santa-Fe de Bogota et dans les environs de Loxa. Cet animal est de la grandeur d ’un chat. Son pelage touffu est d ’un noir fonce, mais son dos est marque d ’une seule bande blanche qui commence au front et se termine a la moitie du corps. Le Mapurito est presque d e pourvu d ’orcilles exterieures. Les ouvertures qui conduisent aux organes de 1’ouie ne sont entourees que d ’un rebord mince et convert de poils plus long. La queue est blanche a 1’extremite, et de la moitie de la longueur du corps. Le col est extremement court, mais les Indiens m ’ont assure quo dans la femelle il est un pen plus long que dans le male. Ce petit mammifere dort le jour dans les terriers qu ’il creuse de ses ongles longs et fourchus; nous 1’avons rencontre souvent a 1’entree de la nuit. Il se nourrit de vers et de larves d ’insectes, et repand une puanteur insupportable. II marche sur la plante du pied comme l'ours 1 et le Poto, et appartient, avec le Zorra de Quito, le Grison ( Viverra vittata, Linne ) et le Tayra de Barrere ( Mustela Barbara, Gmelin ), a ce petit groupe d'animaux plantigrades que M. Cuvier place a la suite des Gloutons.

D ’a pres une note qu'a bien voulu me communiquer cet illustre naturaliste, et qui est tiree de sa nouvelle classification methodique des animaux, « les Gloutons ne tiennent aux ours que par leur marche plantigrade, et se rapprochent davantage des Martes par leurs dents et leur naturel. Ils ont trois fausses molaires2 en bant et quatre en bas en avant de la carnassicre, et, derriere elle, une petite tuberculeuse dont la superieure est plus large que longue. Leur carnassiere superieure n ’a qu ’un petit tubercule. Le Grison et le Tayra, qu ’il faut ranger a la suite des Gloutons, ont une fausse molaire de moins a chaque machoire, et une queue plus longue que les Gloutons. Ils ont les dents de nos putois et de nos furets, et le meme genre de vie; mais ils sont plantigrades comme les ours, les Batons, les Coatis, le Poto et le Blaireau. Les Martes (Mustela) et les Civettes ( Viverra ) appartiennent aux carnassiers digitigrades. Les Martes comprennent les quatre sous-genres des Putois ( Putorius ), des Martes proprement dites ( Mustela ), des Mouffettes (Mephitis) et des Loutres ( Lutra ). Ils n ’ont qu ’une tuberculeuse en arriere de la carnassicre d ’en haul. Dans les Putois ( Mustela putorius , M. furo , M. vulgaris , M. erminea ), la carnassiere n ’a pas de tubcrcule interieur; leur tuberculeuse d ’en haut est plus large que longue; ils n ’ont que deux fausses molaires en haut et trois en bas. Les Martes proprement dites ( Mustela martes , M. foina , M. zibellina , M. vison , M. cana ­ densis), different des Putois par une fausse molaire de plus en haut ct en bas, et par un petit tubcrcule interieur a leur carnassicre. Les Mouffettes ( Viverra putorius , V. mephitis) ont, comme les Putois, deux fausses molaires en haut et trois en bas; mais leur tuberculeuse superieure est tres-grande, et aussi longue que large. Leur carnassiere inferieure a deux tubercules a son cote interne, ce qui rapproche ces animaux des blaireaux, comme les putois se rapprochent des grisons et des gloutons. Les Loutres ont trois fausses molaires en haut et en bas, un fort talon a la carnassiere superieure, un tubercule au cote interne de 1’inferieure, et une grande tuberculeuse presque aussi longue que large en haul. Les Civettes ( Viverra ) qui paroissent appartenir exclusivement a 1’ancien continent, embrassent quatre sous-genres, ceux des Civettes proprement dites ( V. zibetha , V. civetta), des Genettes (V. genetta, V. fossa), des Mangoustes (V. ichneumon) et des Suricates ( V. tetradactyla ). Les Civettes ont trois fausscs molaires en haul, et quatre en bas, dont les antericures tombent quelquefois; deux tuberculeuses assez grandes en haul, une seule en bas et deux tubercules saillans au cot e interne de leur carnassiere inferieure en avant, le rcste de cette dent etant plus ou moins tuberculeux. »

D ’apres ces principes de classification et l'excellent Memoire de M. Frederic Cuvier 1, publie dans le io.me volume des Annales du Museum, il ne me paroit pas douteux que le Zorra du plateau de Quito, et le Mapurito de la Nouvelle-Grenade, qui sont plantigrades, doivent etre ranges parmi les Gloutons ( Gulo ); que le Manaviri de 1’Orenoque et du Mexique forme un genre qui trouve sa place entre les Coatis el les Blaircaux, et que le Zorra du Rio Sinu est un Mustela .

Kingdom

Animalia

Phylum

Chordata

Class

Mammalia

Order

Carnivora

Family

Mustelidae

Genus

Mustela

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