Mimumesa beaumonti (van Lith, 1949)

Pétremand, Gaël, Salzmann-Wandeler, Irene & Castella, Emmanuel, 2021, HymÉnoptÈres Crabronidae remarquables des milieux agricoles genevois et nouvelle espÈce pour la Suisse GAËL PÉTREMAND, IRENE SALZMANN-WANDELER &, Entomo Helvetica 14, pp. 85-92 : 86-88

Mimumesa beaumonti (van Lith, 1949)

• CH-Meinier ( GE), les Mouilles, verger de pommiers, 506 594/122 013, 15– 30.06.2015, 1 ♀, piège Malaise, leg. Jean-David Faye, det. Irene Salzmann 2020, in coll. MHNG .

Mimumesa beaumonti est considÉrÉe comme rare en Europe ( Dollfuss 1991, Bitsch et al. 2007) et figure comme espèce menacÉe en Allemagne ( Schmid-Egger 2010). Selon Bitsch et al. (2007) cette espÈce est connue de France, Allemagne, Danemark, Finlande, SuÈde, Belgique, Pays-Bas, Pologne, Estonie, Russie et Autriche. Des mentions proviennent Également des pays suivants: Lettonie ( Tumšs, 1970), Kazakhstan ( Budrys 1988), Lituanie ( Budrys 1992), Luxembourg ( Schneider 1992), Ukraine ( Gorobchishin 1995), BiÉlorussie ( Shlyakhtenok 1996), RÉpublique TchÈque et Slovaquie ( Dollfuss 2004), Hongrie ( Józan, 2011). Par ailleurs, de Beaumont (1964) mentionnait sa prÉsence comme possible en Suisse.Suite à la dÉcouverte d’un spÉcimen à Meinier, les collections de l’ETHZ, du MHNG et du MZL ont ÉtÉ consultÉes afin de voir si des spÉcimens de M. beaumonti Étaient prÉsents. Il s’est avÉrÉ que ce n’Était pas le cas.

D’après Tischendorf et al. (2011), cette espèce semble être infÉodÉe aux forêts humides avec prÉsence de buissons de bourdaine ( Frangula alnus Mill. ), aux forêts riveraines et à diffÉrentes zones humides, en particulier lors de la prÉsence d’une phragmitaie (R. Le Divelec comm. pers.). Mimumesa beaumonti est d’ailleurs mentionnÉe comme appartenant au cortÈge d’espÈces associÉes à la phragmitaie selon Heneberg et al. (2017). Bien qu’hypothÉtiques, les connaissances sur M. beaumonti suggÈrent que cette espÈce puisse nicher dans du bois en dÉcomposition, dans des galeries d’insectes xylophages ou dans les tiges creuses de certaines plantes ( Witt 2009, Tischendorf et al. 2011). Une femelle a notamment ÉtÉ trouvÉe dans une tige de roseau lors d’un dÉcapage ( Haeseler 1984). Les espÈces du genre Mimumesa chassent principalement des cicadelles ( Hemiptera : Cicadellidae , Delphacidae , Fulgoridae , Jassidae ) ( Bitsch et al. 2007). Cependant, les proies de M. beaumonti restent à ce jour inconnues.

Cette capture isolÉe ne permet pas de lier l’espÈce avec l’agroÉcosystÈme «verger», ni d’ailleurs d’affirmer qu’elle ne l’est pas. Elle illustre, tout au plus, la possibilitÉ que cette espÈce vienne chasser des HÉmiptÈres au sein du verger. A une distance d’environ 500 m de l’emplacement du piÈge Malaise où l’espÈce a ÉtÉ collectÉe se trouve l’Ancien Marais de la TouviÈre. Le spÉcimen de M. beaumonti pourrait provenir de cette zone humide composÉe majoritairement d’une roseliÈre où l’espÈce pourrait trouver des sites de nidification adÉquats, comme par exemple des tiges de roseaux ou du bois mort.

Les femelles de Mimumesa beaumonti Étant difficiles à sÉparer de celles de Mimumesa dalhbomi (Wesmael, 1852) , nous illustrons ici les principaux critÈres qui permettent leur distinction, ces derniers n’ayant jamais ÉtÉ illustrÉs par photographies dans la littÉrature.

Mimumesa beaumonti et M. dahlbomi se distinguent des autres espÈces suisses de ce genre par une aire pygidiale Étroite. La sÉparation entre ces deux espèces s’effectue ensuite d’aprÈs la pilositÉ du clypÉus et de l’aire ÉpicnÉmiale (zone situÉe sous l’insertion des pattes antÉrieures et qui remonte jusqu’au calus humÉral). Mimumesa beaumonti se caractÉrise par l’absence de carÈne antÉrieure sur l’aire ÉpicnÉmiale ( Fig. 1a), carÈne bien prÉsente chez M. dahlbomi ( Fig. 1c). De plus, la pilositÉ du clypÉus est beaucoup plus dense et argentÉe chez M. beaumonti ( Fig. 1b) que chez M. dahlbomi ( Fig. 1d).

Nota bene: Nous rendons ici le lecteur attentif qu’une troisiÈme espÈce de Mimumesa possède une aire pygidiale Étroite et pourrait thÉoriquement être prÉsente en Suisse: Mimumesa wuestneii (Faester, 1951) . Cette derniÈre, trÈs rare, a ÉtÉ observÉe en Autriche, en Roumanie et en Lituanie ( Budrys et al. 2019).

Espèces remarquables collectées dans les milieux agricoles à Genève L’Échantillonnage par piÉgeage passif dans les milieux agricoles genevois rÉvÈle la prÉsence d’espèces de Crabronidae d’intÉrêt patrimonial et met en lumière le manque d’Études et d’inventaires rÉcents sur cette famille d’HymÉnoptÈres apoïdes. Outre M. beaumonti , deux espÈces listÉes ci-dessous sont pour la premiÈre fois signalÉes dans le canton de GenÈve, d’aprÈs la liste de Boillat (2012): Pison atrum (Spinola, 1808) et Trypoxylon beaumonti Antropov, 1991 .