Syrphidae

Pétremand, Gaël, Cosandey, Vivien, Freitag, Anne, Reymond, Alain, Walter, Florian & Breitenmoser, Stève, 2023, L’entomofaune de la réserve naturelle Pro Natura « Au Chevry » (Trélex, Vaud), Entomo Helvetica 16, pp. 145-172 : 153-155

Diptères Syrphidae

Au total, 74 espèces de syrphes ont été recensées sur le site. Parmi elles, Mallota fuciformis ( Fig. 4) est une espèce saproxylique nouvelle pour la faune vaudoise et Merodon albifrons , Orthonevra frontalis et Paragus albifrons n’avaient plus été signalées dans le canton de Vaud depuis plus de 50 ans ( Pétremand et al. 2021). L’observation d’ Orthonevra frontalis au Chevry confirme sa prÉsence actuelle en Suisse. Celle-ci n’Était, jusqu’alors, connue que par une observation rÉalisÉe au Bois de Chênes de Genolier en 1968 ( Goeldlin de Tiefenau 1974). Une recherche ciblÉe effectuÉe en 2022 au Bois de Chênes a d’ailleurs permis de confirmer sa prÉsence. Vingt-huit espÈces de Syrphidae recensées sont considérées ici comme «remarquables» ( Tab. 2), c’est-à-dire qualifiÉes de rares ou trÈs rares en Suisse par Maibach et al. (1992) et/ou considÉrÉes comme menacées ou en déclin en Suisse par Speight et al. (2020). Une partie d’entre elles sont présentées ici en lien avec les principaux habitats de la réserve.

La majorité (55 %) des espèces «remarquables» observées sont associées aux zones humides ( Tab. 2). Ce sont généralement des espèces saprophages au stade larvaire. Une partie d’entre elles colonisent les bas-marais: Eristalis horticola , Neoascia meticulosa , Orthonevra plumbago , O. geniculata , Tropidia scita . D’autres sont associées à la prÉsence de rÉsurgences karstiques ou de gouilles en forêt et en milieu ouvert: Chrysogaster rondanii , C. sostitialis , Lejogaster metallina , Orthonevra frontalis , Riponnensia splendens , Sericomyia bombiforme , S. silentis . Il est intéressant de mentionner ici que les espèces non forestières ( L. metallina , O. frontalis , R. splendens ) ont toutes été observées uniquement sur l’écoulement en lisière au nord de la réserve, hors du périmètre de protection. Quelques espèces associées au bas-marais possèdent également des larves zoophages à l’instar de Chrysotoxum verralli et de Microdon myrmicae . Ces deux espèces sont dépendantes de la présence de fourmis, la première se nourrissant de pucerons de la zone racinaire élevés par ces dernières et la deuxième directement de leur couvain. Microdon myrmicae serait a priori étroitement associé à la présence de Myrmica scabrinodis , une fourmi présente sur le site (voir paragraphe sur les fourmis).

Dix espèces «remarquables» inventoriées sont forestières ( Tab. 2), cinq ayant des larves saproxyliques, trois des larves phytophages et deux des larves prédatrices. La plupart des espèces à larves saproxyliques sont associées à la présence d’arbres vivants montrant des signes de sénescence (cavités, coulée de sève, etc.): Mallota fuciformis , Criorhina ranunculi , Brachyopa scutellaris et Volucella inflata . Une espèce est associée à la présence de bois mort situé dans le sous-bois forestier: Temnostoma vespiforme .

Finalement, trois syrphes «remarquables» sont des habitants des prairies ( Tab. 2). Merodon albifrons est généralement observé dans des prairies sèches où sa larve se développe dans des plantes à bulbe. Les larves de Microdon devius se nourrissent du couvain de la fourmi Lasius flavus , espèce présente sur le site. Paragus albifrons est généralement rencontré dans les prairies sèches et les formations buissonnantes thermophiles. Certaines de ces espèces ( M. albifrons et P. albifrons ) ont été observées hors du périmètre de la réserve, dans le Mesobromion.

Plusieurs espÈces ÉnumÉrÉes ici figurent sur la liste rouge europÉenne de l’UICN ( Vujić et al. 2022, Tab. 2).